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la princesse flora

glaces, sans lumière et sans vie, et ce sont ces atomes poussés par le vent de la mode et non par la brise de leur intelligence et de leur libre arbitre, que l’on nomme les ornements de la société.

Mais revenons à elle, encore à elle, à elle toujours.

Je buvais avec avidité le doux poison de ses regards ; j’étais si heureux ! Elle riait, et, moi, de mon côté, je répondais aussi en riant. Où prenais-je les mots sans pensées qui jaillissaient de mes lèvres ? L’amour, dit-on, rend les hommes insensés et leur donne de l’esprit. À peine eus-je entamé la conversation avec elle, que la timidité m’abandonna. Mais, chose étrange ! si une autre femme qu’elle m’adressait la parole, je rougissais, je pâlissais, je m’agitais sur ma chaise comme si cette chaise était rembourrée d’aiguilles, et il me semblait que mon chapeau horriblement tourmenté par moi, criait entre mes mains. Tu sais que je parle la langue française ni mieux ni plus mal qu’un perroquet ; tu sais aussi que, soit entêtement, soit fierté, je n’aime pas à changer ma langue nationale contre une autre lan-