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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/227

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Lorsque les nuits menaçaient d’être trop froides, Rosa rentrait le pot de faïence.

C’était bien cela : elle suivait les instructions de Cornélius, qui craignait que le caïeu ne fût gelé.

Quand le soleil devint plus chaud, Rosa rentrait le pot de faïence depuis onze heures du matin jusqu’à deux heures de l’après-midi.

C’était bien cela encore, Cornélius craignait que la terre ne fût desséchée.

Mais quand la lance de la fleur sortit de terre, Boxtel fut convaincu tout à fait, elle n’était pas haute d’un pouce que, grâce à son télescope, l’envieux n’avait plus de doute.

Cornélius possédait deux caïeux, et le second caïeu était confié à l’amour et aux soins de Rosa.

Car on le pense bien, l’amour des deux jeunes gens n’avait point échappé à Boxtel.

C’était donc ce second caïeu qu’il fallait trouver moyen d’enlever aux soins de Rosa et à l’amour de Cornélius.

Seulement, ce n’était pas chose facile.

Rosa veillait sa tulipe comme une mère veillerait son enfant ; mieux que cela, comme une colombe couve ses œufs.

Rosa ne quittait pas la chambre de la journée ; il y avait plus, chose étrange, Rosa ne quittait plus sa chambre le soir.

Pendant sept jours Boxtel épia inutilement Rosa, Rosa ne sortit point de sa chambre.

C’était pendant les sept jours de brouille qui rendirent Cornélius si malheureux, en lui enlevant à la fois toute nouvelle de Rosa et de sa tulipe.