Aller au contenu

Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

suis un vrai Hollandais, moi, j’aime l’eau, la bière et les fleurs, quelquefois même ce fromage dont les Français estiment le goût ; parmi les fleurs, celles que je préfère sont naturellement les tulipes. J’ai ouï dire à Leyde que la ville de Harlem possédait enfin la tulipe noire, et, après m’être assuré que la chose était vraie, quoique incroyable, je viens en demander des nouvelles au président de la société d’horticulture.

— Oh ! monseigneur, monseigneur, dit van Systens ravi, quelle gloire pour la société si ses travaux agréent à Votre Altesse.

— Vous avez la fleur ici ? dit le prince qui sans doute se repentait déjà d’avoir trop parlé.

— Hélas, non, monseigneur, je ne l’ai pas ici.

— Et où est-elle ?

— Chez son propriétaire.

— Quel est ce propriétaire ?

— Un brave tulipier de Dordrecht.

— De Dordrecht ?

— Oui.

— Et qui s’appelle ?…

— Boxtel.

— Il loge ?

— Au Cygne-blanc ; je vais le mander, et si, en attendant, Votre Altesse veut me faire l’honneur d’entrer au salon, il s’empressera, sachant que monseigneur est ici, d’apporter sa tulipe à monseigneur.

— C’est bien, mandez-le.

— Oui, Votre Altesse. Seulement…

— Quoi ?

— Oh ! rien d’important, monseigneur.