— Merci, dit Cornélius.
Le garde n’avait pas terminé le sourire gracieux qui servait de ponctuation à son récit qu’un pas sonore retentit dans l’escalier.
Des éperons sonnaient aux arêtes usées des marches.
Les gardes s’écartèrent pour laisser passer un officier.
Celui-ci entra dans la chambre de Cornélius au moment où le scribe de Loevestein verbalisait encore.
— C’est ici le no 11 ? demanda-t-il.
— Oui, colonel, répondit un sous-officier.
— Alors, c’est ici la chambre du prisonnier Cornélius van Baerle ?
— Précisément, colonel.
— Où est le prisonnier ?
— Me voici, monsieur, répondit Cornélius en pâlissant un peu malgré tout son courage.
— Vous êtes M. Cornélius van Baerle ? demanda-t-il, s’adressant cette fois au prisonnier lui-même.
— Oui, monsieur.
— Alors suivez-moi.
— Oh ! oh ! dit Cornélius, dont le cœur se soulevait, pressé par les premières angoisses de la mort, comme on va vite en besogne à la forteresse de Loevestein, et le drôle qui m’avait parlé de douze heures !
— Hein ! qu’est-ce que je vous ai dit ? fit le garde historien à l’oreille du patient.
— Un mensonge.
— Comment cela ?
— Vous m’aviez promis douze heures.
— Ah ! oui. Mais l’on vous envoie un aide de camp de Son Altesse, un de ses plus intimes même, M. van Deken.