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Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/72

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pétales de la fleur, qui seulement alors révèle les trésors secrets de son calice.

Oh ! que de fois le malheureux jaloux, perché sur son échelle, aperçut-il dans les plates-bandes de van Baerle des tulipes qui l’aveuglaient par leur beauté, le suffoquaient par leur perfection !

Alors, après la période d’admiration qu’il ne pouvait vaincre, il subissait la fièvre de l’envie, ce mal qui ronge la poitrine et qui change le cœur en une myriade de petits serpents qui se dévorent l’un l’autre, source infâme d’horribles douleurs.

Que de fois, au milieu de ses tortures, dont aucune description ne saurait donner l’idée, Boxtel fut-il tenté de sauter la nuit dans le jardin, d’y ravager les plantes, de dévorer les oignons avec les dents, et de sacrifier à sa colère le propriétaire lui-même s’il osait défendre ses tulipes.

Mais tuer une tulipe c’est, aux yeux d’un véritable horticulteur, un si épouvantable crime !

Tuer un homme, passe encore.

Cependant, grâces aux progrès que faisait tous les jours van Baerle dans la science qu’il semblait deviner par instinct, Boxtel en vint à un tel paroxysme de fureur qu’il médita de lancer des pierres et des bâtons dans les planches de tulipes de son voisin.

Mais comme il réfléchit que le lendemain, à la vue du dégât, van Baerle informerait, que l’on constaterait alors que la rue était loin, que pierres et bâtons ne tombaient plus du ciel au dix-septième siècle comme au temps des Amalécites, que l’auteur du crime, quoiqu’il eût opéré dans la nuit, serait découvert et non seulement puni par la loi, mais encore déshonoré à tout jamais aux yeux de