— Vous le voyez, répondit-il, je sculpte.
— Et quel est ton maître ? demanda l’homme.
— Dominique Guirlandajo, reprit l’enfant.
— Mais Dominique Guirlandajo est peintre et non pas sculpteur.
— Aussi je ne suis pas sculpteur, je suis peintre.
— Et pourquoi sculptes-tu, alors ?
— Pour Mamurco.
— Et qui t’a donné des ciseaux ?
— Granacci.
— Et ce marbre ?
— Des tailleurs de pierre.
— Et tu as copié ?
— La tête du faune.
— Mais le bas de la figure manquait ?
— Je l’ai remplacé.
— Voyons ?
— Tenez.
— Comment t’appelles-tu ? demanda l’homme.
— Michel-Ange Buonarotti, répondit l’enfant.
L’homme regarda la tête, la tourna et la retourna en tout sens ; puis, avec un sourire de bienveillante critique, la remettant à son jeune auteur :
— Monsieur le sculpteur, lui dit-il, voulez-vous permettre que je vous fasse une observation ?
— Laquelle ?
— Vous avez voulu faire ce faune vieux ?
— Sans doute.
— Eh bien ! dans ce cas il ne fallait pas lui laisser toutes ses dents ; à l’âge qu’il a, il en manque toujours quelques-unes.
— Vous avez raison.
— Vraiment ?
— Vous êtes donc sculpteur ?
— Non.
— Vous êtes donc peintre alors ?
— Non.
— Vous êtes donc architecte au moins ?
— Non.