et revint à Florence. Pendant neuf ans il ne toucha ni un ciseau ni une palette : le peintre-sculpteur s’était fait poëte.
C’est de cette époque que datent les deux ou trois volumes de vers que fit Michel-Ange.
Sur ces entrefaites Léon X mourut empoisonné. Adrien IV lui succéda. Il n’y avait rien à faire avec un pareil pape, qui avait ordonné de briser l’Apollon du Belvédere qu’il prenait pour une idole.
Les Romains étaient trop artistes pour garder un pareil pape : au bout d’un an il fut un peu empoisonné, et il en mourut tout à fait.
Clément VII lui succéda.
La race des Médicis se résumait dans trois bâtards : Alexandre, Hippolyte et Clément VII.
Florence profita de l’élection de Clément VII pour se révolter et pour changer la forme du gouvernement ; le gonfalonier proposa, pour mettre un terme aux ambitions humaines, de nommer Jésus-Christ roi. On recourut au scrutin, et Jésus-Christ fut élu, après une vive opposition, à une majorité de cinquante voix.
Il avait eu vingt votes contraires.
Par une contradiction étrange, Clément VII ne voulut pas reconnaître cette élection ; le pape résolut de détrôner le Christ, et rassembla tous les Allemands hérétiques qu’il put trouver, en fit une armée, et poussa cette armée contre Florence.
Michel-Ange fut chargé de fortifier sa ville natale.
Il courut à Ferrare pour étudier le système de murailles de la ville et pour causer tactique avec le duc Alphonse, un des premiers tacticiens de l’époque ; mais au moment où l’artiste allait quitter le prince, le prince déclara à l’artiste qu’il était son prisonnier.
— Mais je puis me racheter ? dit Michel-Ange.
— Sans doute.
— Ma rançon ?
— Une statue ou un tableau, à votre voix.
— Des pinceaux et une toile, dit Michel-Ange.
Et il fit le tableau des Amours de Léda.
Au bout de onze mois de siège Florence fut prise. Quel-