qui conférait à l’artiste un pouvoir absolu sur Saint-Pierre.
Saint-Pierre avait déjà coûté deux cents millions.
Paul III mourut en 1549. Tant qu’il avait vécu, Michel-Ange avait été maître suprême. Jules III, son successeur, parut d’abord vouloir laisser à Michel-Ange cette même latitude qu’il avait ; mais un jour Michel-Ange reçut une citation pour paraître devant le nouveau pape.
Michel-Ange monta au Vatican : il trouva un tribunal qui l’attendait pour le juger.
— Michel-Ange, dit Jules III, nous t’avons fait venir pour que tu répondes à nos questions.
— Questionnez ! dit Michel-Ange.
— Les intendans de Saint-Pierre prétendent que l’église sera obscure.
— Et lequel de ces imbéciles a dit cela ?
— C’est moi ! dit Marcel Cervino en se levant.
— Eh bien ! monseigneur, dit Michel-Ange en se retournant vers le cardinal, qui bientôt devait être pape, sachez donc qu’outre la fenêtre que je viens de faire exécuter, il y en aura encore trois autres dans la voûte, et que par conséquent il fera trois fois plus clair dans l’église qu’il ne fait maintenant.
— Alors pourquoi ne nous avez-vous pas dit cela ? reprit Marcel Cervino.
— Parce que je ne suis obligé de communiquer mes plans ni à vous ni à aucun autre, répondit Michel-Ange. Votre affaire est de garantir votre argent des voleurs et de m’en donner quand j’en demande ; la mienne est de bâtir l’église.
Puis, se tournant vers le pape :
— Saint-Père, lui dit-il, vous savez que ma première condition en acceptant la direction de Saint-Pierre a été que je ne toucherais aucun traitement. Voyez quelles sont mes récompenses ; si les persécutions que j’éprouve ne servent pas au salut de mon âme, convenez que je suis un grand fou de continuer une pareille besogne.
— Venez ici, mon fils, dit Jules III en se levant.
Michel-Ange alla au pape et s’agenouilla devant lui. Jules III lui imposa les mains.
— Mon fils, lui dit le pape, elles ne seront perdues ni