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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/117

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assis et rêvant quelque terrible épisode de son terrible poème, et pour toute épitaphe ces trois mots :

Onorate l’altissimo poeta.

Je ne dirai rien comme art du monument. Je crois que l’architecte vit encore. Seulement j’aimerais mieux qu’il eût été exécuté par Michel-Ange, comme Michel-Ange s’y était offert[1].

Le troisième tombeau est celui d’Alfieri. Contre son intention, à l’épitaphe faite par lui-même, et qui avait au moins l’avantage de donner une idée de son bizarre caractère, une épitaphe pleine d’innocence a été substituée. La voici :

Vittorio Alfierio stensi

Aloisia, e principibus Stolbergis,

Albaniæ comitissa.

M. P. C. AN. MDCCCX.

Le monument est de Canova, et par conséquent passe pour un chef-d’œuvre. Cependant il y aurait peut-être bien quelque chose à dire sur la statue qui pleure. Cette statue représente l’Italie, et l’Italie d’Alfieri, du moins celle qu’il rêvait dans ses désirs ardens de liberté ; cette Italie, la mère des Scipions et des Capponi, doit pleurer comme une déesse et non comme une femme.

Le quatrième tombeau est celui de Machiavel. Celui-là aussi est moderne. Les os de l’auteur de la Mandragore, des Décades de Tite-Live et du Prince restèrent près de trois cents ans sans obtenir les honneurs du monument. Enfin, en 1787, on avisa que c’était un peu ingrat que d’agir ainsi, et l’on ouvrit une souscription approuvée par le grand-duc Léopold. Il est vrai que de mauvaises langues disent que cette idée,

  1. En 1519, les Florentins supplièrent Léon X de leur rendre le corps de Dante. Une pétition fut adressée au pape à ce sujet ; et au nombre des signatures était celle de Michel-Ange, accompagnée de cette apostille : « Io Michel-Angelo scultore il medessimo a Votra Santità supplico, offerendomi al divin poeta fare la sepultura sua condecente e in loco onorevole in questa città.
     MICHEL-ANGELO. »