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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/118

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toute simple qu’elle est, ne vint point aux compatriotes du grand homme, mais bien à lord Nassau Clavering, comte Cooper, éditeur des œuvres de Machiavel. Il est vrai que ces diables d’Anglais sont si orgueilleux que ce pourrait bien être eux qui firent courir ce bruit. Le fait est que le nom du noble pair se trouvait en tête de la liste.

Il n’y a que deux bonnes choses dans le monument : la plume qui, posée dans la balance, emporte le pic ; et l’épitaphe, réparation tardive de la postérité,

Tanto nomini nullum par elogium.

Les armes de Machiavel étaient la croix et les clous de Notre Seigneur.

Après avoir vu le tombeau d’Alfieri, on est curieux de visiter celui de la comtesse d’Albany, qu’on sait être enterrée dans la même église. Celui-ci est plus difficile à trouver, et il faut l’aller chercher dans la chapelle de la Cène. Comme celui d’Alfieri, il est veuf de l’épitaphe qui lui était destinée.

En traversant l’église dans toute sa largeur, on se trouve en face du tombeau de l’Arétin ; non pas de cet Arétin qui pesait la chaîne de Charles-Quint au poids de la sottise qu’elle était destinée à faire oublier, mais d’un autre Arétin, lettré, historien et quelque peu poëte, mais poëte chaste, historien honnête, et lettré plein de convenance : ce qui n’a pas empêché madame de Staël, à la grande indignation de son ombre, de le confondre avec son cynique homonyme.

Après le tombeau de Léonard Bruni l’Arétin, en revenant du chœur à la porte, est le monument de Galilée, placé juste en face de celui de Michel-Ange mort deux jours avant la naissance de l’illustre mathématicien. Le malheur qui avait poursuivi Galilée pendant sa vie ne l’abandonna point après sa mort. Son mausolée est un des plus mauvais qui soient à Santa-Croce, où cependant il y en a de bien mauvais. Une chose remarquable, et qui peut-être n’a frappé personne, c’est que le buste de t’illustre trépassé est placé en quelque sorte entre deux blasons : celui qu’il s’est fait lui même et celui qu’il a reçu de sa famille, celui qu’il a dérobé au ciel et celui que ses aïeux lui ont légué. Au-dessous du buste, tournent dans un médaillon d’azur les étoiles d’or des