Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/119

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Médicis ; au dessus du buste, se dresse sur écu d’or l’échelle de gueules des Galilei.

En faisant quelques pas encore, et en l’allant chercher derrière la porte où il se cache, est le tombeau de Filicaja, célèbre jurisconsulte, mais moins connu peut-être par ses études sur le droit que par son sonnet sur l’Italie.

En face de lui, et de l’autre côté, se dérobe avec non moins de modestie le tombeau de Philippe Buonarotti, mort en 1733. C’était de son temps un fort grand homme, fort oublié aujourd’hui, auquel le voisinage de son grand-oncle porte quelque préjudice ; cela n’empêcha point que ses contemporains ne lui décernassent une médaille avec cet exergue :

Quem nulla æquaverit ætas.

Il est vrai qu’il était auteur de soixante volumes manuscrits qui ne furent jamais imprimés.

Il n’y a si bonne compagnie où ne parvienne à se glisser quelque vilain. C’est ce qui arrive malheureusement à Santa-Croce. Près du mausolée de Machiavel s’élève celui de Nardini.

Qu’est-ce que Nardini ? me direz-vous.

— Nardini est un charmant joueur de violon qui exécutait toute une valse sur la chanterelle, et dont le voisinage, comme on le comprend bien, doit fort réjouir l’ex-ambassadeur de Florence près de César Borgia, pour peu que de son vivant il ait eu le goût de la musique.

Maintenant, arrêtons-nous un instant à un fait assez curieux :

Près de la colonne qui soutient un des deux bénitiers, on lit, à demi rongé par le temps, le nom de :

Buonaparte.

Sans doute ce nom faisait partie d’une inscription qui indiquait ce que c’était que celui qui dormait sous cette pierre. Mais tous les autres mots ont été effacés, et ce nom seul, à peine visible qu’il est aujourd’hui, ne peut guider le curieux à la recherche de l’identité de celui qu’il désigne.

C’était un aïeul de Napoléon, voilà tout ce qu’on en sait.