Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/143

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blessé que l’on attribuât à un autre qu’à lui la paternité de cet admirable tableau.

Quant au portrait de Madeleine Doni, quant au saint Jean au désert, quant au portrait de Jules II, il est reconnu que ce sont des chefs-d’œuvre ; nous n’en parlerons donc pas.

Il y a deux Titien ; ses deux Vénus, c’est-à-dire deux des plus beaux Titien qu’il y ait au monde.

Il y a une Sainte Famille de Michel-Ange : figurez-vous un tableau de chevalet sorti du pinceau de l’homme qui a fait le Jugement dernier. Cette Sainte-Famille avait été exécutée pour un gentilhomme florentin nommé Agnolo Doni, le mari peut-être de la femme dont Raphaël fit le portrait. Quelle époque, soit dit en passant, que celle où l’on pouvait commander un portrait à Raphaël et un tableau de chevalet à Michel-Ange ! Malheureusement, contre les habitudes économiques des Florentins, Agnolo Doni avait oublié de faire prix pour l’œuvre avant que l’œuvre ne fût commencée. Le tableau achevé, Agnolo Doni s’informa auprès de Michel-Ange de quelle somme il lui était redevable : le peintre de manda soixante-dix écus. Alors l’acheteur se récria et voulut marchander. Mais Michel-Ange porta aussitôt son prix à cent quarante. Agnolo Doni s’empresse de payer, de peur que ce prix, en se doublant toujours, ne portât bientôt le tableau qu’il désirait avoir au delà de ses moyens.

Il y a encore Notre-Dame sur un piédestal, avec saint François et saint Jean l’évangéliste debout, d’André del Sarto ; une Sainte-Famille avec sainte Catherine, de Paul Véronèse ; le Charles-Quint après son abdication, de Van Dyck ; la Vierge adorant l’enfant Jésus, du Corrége ; Hérodiade recevant la tête de saint Jean-Baptiste des mains du bourreau ; enfin la Vierge entre saint Sébastien et saint Jean-Baptiste, du Pérugin, et la Bacchante d’Annibal Carrache, ces deux types, le premier de l’école spiritualiste ; le second, de l’école naturaliste.

J’en passe, comme Ruy Gomez, non pas des meilleurs peut-être, mais de fort beaux encore, comme, par exemple, le Cardinal Beccadilli, du Titien, et le duc François d’Urbin, du Baroccio, pour m’arrêter un instant sur le chef-d’œuvre du peintre de Pérouse et sur celui du peintre de Bologne ;