Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traits de maîtres faits par les maîtres eux-mêmes, et par des maîtres comme Pérugin, comme Léonard de Vinci, comme Raphaël, comme Michel-Ange, comme André del Sarto, comme l’Albano, comme le Dominiquin, comme Salvator Rosa, comme l’Espagnolet, comme Velasquez, comme Rubens ; chacun portant reproduits sur sa physionomie le caractère, le sentiment, le génie de l’artiste, non pas tels que les a compris un pauvre imitateur ou un pâle copiste, mais pris sur le fait, mais peints à l’huile, comme Rousseau dans ses Confessions, et comme Alfiéri dans ses Mémoires, se sont peints à l’encre !

Aussi j’avoue que cette salle des Peintres est ma salle de prédilection. J’y ai souvent passé des heures entières à chercher la ligne psychologique, si cela peut se dire, qui unissait l’artiste à son œuvre, et presque toujours je l’ai retrouvée ; étudiez surtout les têtes de Léonard de Vinci, de Raphaël, de Michel-Ange, du Dominiquin et de Salvator Rosa, et vous reconnaîtrez que ce sont bien là les auteurs de la Cène, de la Madone à la seggiola, du Moïse, de la Confession de saint Jérôme, et du Serment de Catilina.

Une autre recommandation : passez vite près de la salle de l’école française ; c’est une mauvaise plaisanterie, et un assez beau Poussin que vous y trouverez ne vous paraîtrait pas une compensation des quinze ou vingt croûtes qu’il vous faudrait subir.

Mais arrêtez-vous dans le corridor devant le Bacchus de Michel-Ange, en terre, par lui vendu pour antique, c’est une œuvre pleine de verve, et toute dans le sentiment du sujet.

Mais faites-vous ouvrir la salle où, près du masque du Faune, premier essai de Michel-Ange enfant, se trouve le buste de Brutus, œuvre inachevée de Michel-Ange vieillard. Un statuaire moderne la reprit, voulut l’achever, puis s’interrompit pour venir à Paris conspirer contre Napoléon ; il se nommait Ceracchi, il périt sur l’échafaud, et personne depuis n’osa porter la main sur ce marbre terrible.

Mais entrez dans la salle de la Niobé, et là vous verrez ce que la douleur maternelle a de plus déchirant, ce que la crainte de la mort a de plus expressif : vous verrez quinze