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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/148

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statues de marbre[1] qui pleurent, qui sanglotent, qui tremblent, qui fuient ; vous verrez un désespoir pire que celui de Laocoon, car Laocoon meurt avec ses enfans, et Niobé, plus maudite encore, les voit seulement mourir.

Puis après cela visitez, si vous le voulez, la chambre des pierreries, le musée étrusque, le cabinet des médailles ; mais, je doute que vous y preniez grand plaisir.


viii

LA LUXURE DE SANG.

Comme nous descendions la galerie des Offices, nous fûmes arrêtés par une affluence de peuple qui, se précipitant dans la salle des débats criminels, située au premier étage du monument, refluait jusque sur l’escalier et obstruait le passage de cette foule qui se poussait, se pressait, se heurtait, afin de trouver place dans l’enceinte publique. Il y eut une grande rumeur, chose étrange chez ce tranquille et silencieux peuple florentin ; et cette grande rumeur se composait d’un seul nom répété par trois mille bouches : Antonio Ciolli ! Antonio Ciolli ! Antonio Ciolli !

J’essayai de faire quelques questions, mais ceux à qui je m’adressais étaient trop préoccupés de trouver place dans la salle pour prendre le temps de me répondre ; d’un autre côté, comme je ne voulais pas me faire écraser au milieu de cette effroyable presse, j’allais me retirer sans savoir de quoi il s’agissait, lorsque j’aperçus un des premiers avocats de Florence, un des hommes les plus instruits et les plus spirituels de l’Italie, monsieur Vicenzo Salvagnoli. Je lui fis un signe de détresse qu’il comprit, et auquel il répondit par

  1. La seizième est une Psyché qui s’est glissée par erreur au milieu de la famille d’Amphion.