s’asseoir, accompagnés des gendarmes, aux bancs qui leur étaient réservés, à la gauche du président, en face de l’avocat-général ; leurs défenseurs s’assirent devant eux.
Les cinq accusés étaient cinq jeunes gens, aucun n’avait sur le visage cet aspect de brutalité repoussante que nous cherchons chez le meurtrier, et surtout chez le meurtrier d’instinct ; ils étaient au contraire assez beaux garçons, et l’un d’entre eux surtout avait la physionomie remarquablement intelligente.
Leur entrée fit une sensation profonde. J’ai, déjà dit les étranges choses qu’on racontait à leur égard. Un murmure violent courut donc dans l’assemblée ; trois d’entre eux se retournèrent et regardèrent en riant comme s’ils cherchaient à deviner la cause de ces murmures.
Le président imposa silence ; puis, un instant accordé à la curiosité, l’accusateur public se leva et lut l’accusation suivante, que je traduis à peu près littéralement :
« Un assassinat exécuté, deux blessures faites et une simple insulte commise à Livourne dans la soirée du 18 février 1840, et suivis de résistance à la force armée, résistance dont le cordonnier Angiolo Ghettini se rendit coupable, devaient nécessairement exciter un grand mouvement de douleur et d’inquiétude parmi les bons et industrieux habitans de cette populeuse cité.
Comment, en effet, réprimer l’effroi qui suit la vue du meurtre ? Comment étouffer la pitié qu’inspirent les victimes ? Comment demeurer impassible quand la sécurité de toute une population est compromise ?
Il fut donc bien naturel ce sentiment de trouble et de crainte qui s’empara de toute la ville de Livourne quand, au son de la cloche qui appelait les pieux confrères de la Miséricorde au secours des moribonds et des blessés, se répandirent les terribles détails de la sanglante, histoire accomplie dans cette fatale soirée.
Voici les faits relatifs à cette soirée, la cour n’étant appelée à délibérer que sur ces faits.
Le 18, Antonio Ciolli, après avoir bu comme d’habitude à son dîner, se rendit au jardin Bicchi, espèce de guinguette dans laquelle il retrouva ses compagnons habituels ; là ils