Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’assirent à table et continuèrent de boire ; Ciolli à lui seul but à peu près trois fiasques, c’est-à-dire un peu plus de six bouteilles de vin.

Alors les accusés feignirent d’improviser une mascarade ; on prit une poêle, et avec du noir de fumée chacun se teignit la figure ; alors les accusés demandèrent où il y avait bal pour aller y finir leur soirée, et sortirent du jardin Bicchi.

Du jardin Bicchi les accusés se rendirent au cabaret de Porta alla Mare, où ils burent encore quelques verres de vin.

Enfin ils entrèrent au café del Cappanara, où ils demandèrent un bol de punch.

Pendant toute cette première course ils étaient accompagnés de quatre autres de leurs camarades qu’ils avaient rencontrés chez Bicchi, et qui, ne soupçonnant pas comment se terminerait la soirée, les suivirent la figure noircie, et criant et vociférant comme eux.

Mais arrivés là, Bastiani, Vincenti et les deux Bicchi, qui étaient les quatre étrangers joints à la bande, trouvèrent que c’était assez faire les fous comme cela, et se séparèrent de Ciolli, de Ghettini, de Bianchini, de Centini et de Mellini. Cette séparation eut lieu dix minutes à peu près avant que le premier assassinat ne fût commis sur la personne de Lemmi.

Maintenant il résulte de l’instruction :

Que le 18 janvier, vers les neuf heures et demie du soir, Jean Lemmi, âgé de soixante ans, étant à quelques pas de sa porte, sous l’arcade qui conduit au jardin Montrielli, dans le bourg des Capucins, se vit assailli par une bande de furieux, et se sentit aussitôt et successivement frappé de cinq blessures : la première, dans le bas-ventre, et celle-là produite par un fer quadrangulaire et traversant les intestins grêles, fut reconnue comme mortelle ; la seconde, dans la partie supérieure du bras droit, faite par un simple couteau ; la troisième, dans la partie extérieure du même bras, pénétrant jusqu’au périoste et avec lésion des muscles, laquelle troisième blessure fut reconnue causée, comme la seconde, par un simple couteau ; la quatrième, qui fracturait la septième côte et pénétrait dans le poumon, produite,