Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/160

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peine d’abord à déchiffrer ce qu’il contenait. Enfin il lut ce qui suit :

« Mon père sait que nous nous aimons ; il m’a défendu de vous revoir. Adieu pour toujours. »

Hippolyte crut qu’il allait mourir ; il revint au palais Bardi, et demeura jusqu’au jour sous les fenêtres de Dianora, espérant que la jalousie allait se rouvrir ; la jalousie resta fermée. Le jour vint ; force fut à Hippolyte de rentrer chez lui.

Cinq ou six autres nuits se passèrent dans la même attente, suivies de la même déception. Hippolyte devenait de plus en plus sombre ; il répondait à peine aux questions qu’on lui adressait, et repoussait sa mère elle-même. Enfin il ne put supporter cette longue souffrance ; les forces lui manquèrent, et il tomba malade.

On appela les meilleurs médecins de Florence, personne ne put deviner la cause des souffrances d’Hippolyte. À toutes les questions qui lui étaient faites, il répondait en secouant la tête et en souriant tristement. Les médecins reconnurent seulement qu’il était en proie à une fièvre ardente, et que si l’on ne parvenait à en arrêter les progrès, en quelques jours elle l’aurait dévoré.

La mère d’Hippolyte ne le quittait pas ; l’œil sans cesse fixé sur lui, la bouche entr’ouverte par une éternelle interrogation, elle suppliait son fils de lui révéler ta cause de son mal. Car avec cette subtilité d’instinct que possèdent les femmes, elle sentait bien que cette maladie n’était point une simple affection physique, et qu’il y avait quelque grande douleur morale au fond de tout cela. Hippolyte se taisait ; mais la fièvre se changea bientôt en délire, et le délire parla. La mère d’Hippolyte apprit tout ; elle sut que son fils aimait Dianora de cet amour qui donne la mort quand il ne donne pas le bonheur. Elle quitta tout éperdue le chevet du malade. La pauvre femme savait qu’il n’y avait rien à attendre du père de Dianora : elle connaissait cette haine profonde qui divisait les deux familles ; elle savait cet implacable entêtement des partis politiques. Elle ne songes pas même à s’adresser à son mari ; elle courut chez une amie commune aux deux maisons. Cette amie, qui se nommait Contessa dei