Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/161

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Bardi, demeurait dans une maison de campagne à un demi-mille de Florence, appelée la villa Monticelli.

Contessa comprit tout ; les femmes, souvent si implacables dans leurs propres haines, ont toujours un coin du cœur ouvert pour plaindre l’amour, quand elles en suivent les tourmens chez les autres. Elle promit à la pauvre mère désolée qu’Hippolyte et Dianora se reverraient.

La mère d’Hippolyte revint au palais Buondelmonte. Son fils était toujours étendu sur son lit de douleur, les yeux fermés par l’abattement, la bouche ouverte par le délire. Le médecin était incliné sur son chevet, et secouait la tête comme un homme qui n’a plus d’espoir. La mère sourit. Puis, lorsque le médecin fui sorti, elle reprit sa place, s’inclina à son tour sur le lit de son enfant, puis baisant son front couvert d’une sueur glacée :

— Hippolyte, fit-elle à demi-voix, tu reverras Dianora.

Le jeune homme ouvrit des yeux hagards et fiévreux ; il regarda sa mère avec cet air inquiet du condamné auquel on annonce sa grâce au moment où il met le pied sur la première marche de l'échafaud, puis jetant ses bras autour du cou de la pauvre femme :

— O ma mère, ma mère ! s’écria-t-il, prenez garde à ce que vous me dites !

— Je te dis la vérité, mon enfant ; tu aimes Dianora, n’est-ce point ?

— Oh ! si je l’aime, ma mère, si je l’aime !

— Tu t’es cru à jamais séparé d’elle ?

— Hélas ! je le suis.

— Et c’est pour cela que tu veux mourir ? Hippolyte étouffe un sanglot en serrant sa mère contre son cœur.

— Eh bien ! tu ne mourras pas, dit la mère ; tu reverras Dianora, et, si elle t’aime, vous pouvez encore être heureux.

Hippolyte n’eut pas la force de répondre ; il fondit en larmes. Son cœur, si longtemps oppressé par la douleur, semblait se briser au contact de la joie ; puis il se fit tout dire, tout répéter, tout redire encore, ne se lassant jamais d’entendre ces douces paroles, et buvant l’espérance que lui