Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/162

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versait sa mère comme la fleur flétrie boit la brise du soir, comme la terre desséchée boit la rosée du matin.

Enfin il se souleva sur son coude, regarda sa mère, et, comme s’il ne pouvait croire à tant de bonheur :

— Et quand la reverrai-je ? demanda-t-il.

— Quand tu seras assez fort pour aller jusqu’à la villa Monticelli, répondit sa mère.

— Oh ! ma mère, s’écria Hippolyte, à l’instant même.

Et il essaya de se lever, mais c’était pour lui un trop grand effort ; il retomba épuisé sur son lit. La pauvre mère se laissa glisser à genoux, et pria tant qu’il prit patience et parut se calmer.

Le lendemain, le médecin, qui venait avec la crainte de voir Hippolyte mourant, le trouva sans fièvre. Le digne homme n’y comprenait plus rien, il dit que Dieu avait fait un miracle, et que c’était Dieu seul qu’il fallait remercier. La mère d’Hippolyte remercia Dieu, car c’était un cœur religieux, qui rapportait toute chose au Seigneur ; mais elle savait bien d’où venait le miracle, et comment Il s’était accompli.

Les forces d’Hippolyte revinrent bien lentement au gré de son impatience ; cependant le lendemain il se leva, et trois jours après il était assez fort pour sortir.

Dans le même temps, on annonça par la ville une grande fête a la villa Monticelli ; tous les Bardi qui étaient de la même famille que la maîtresse de la maison y avaient été invités ; mais, comme on le pense bien, de peur de quelque éclat fâcheux, aucune famille guelfe ne devait se trouver à cette soirée, et surtout aucun Buondelmonte, puisque les Buondelmonti étaient chefs de la faction guelfe.

Dianora dei Bardi avait d’abord refusé de se rendre à cette réunion, car elle aussi était faible et souffrante. Mais sa cousine Contessa avait insisté, elle avait promis à Dianora qu’elle lui gardait pour cette fête une surprise qui la remplirait de joie, et Dianora, tout en secouant la tête en signe de doute, avait accepté. Puis Dianora s’était parée à tout hasard ; car si le cœur de la femme peut être triste, il faut toujours que son front soit beau. Elle vint donc à la villa Monticelli. La fête était brillante. Toutes les grandes maisons gi-