Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/163

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belines étaient réunies à la villa Monticelli. Dianora chercha longtemps du regard la surprise annoncée. Enfin ne la découvrant pas, elle demanda à sa cousine quelle était donc cette surprise qui devait lui causer tant de joie.

Contessa lui fit signe de la suivre, la guida par un long corridor, et la fit entrer dans une chambre attenante à la chapelle. Ensuite, lui ayant dit d’attendre là un instant, elle referma la porte sur elle, et s’éloigna. Il y avait dans cette chambre deux portes : l’une qui donnait dans un petit cabinet, l’autre qui donnait dans la chapelle. Au bout d’un instant, Dianora entendit un léger bruit ; elle tourna la tête du côté d’où ce bruit venait, la porte du cabinet s’ouvrit, et Hippolyte parut.

Le premier sentiment de Dianora fut l’effroi ; elle jeta un cri et voulut fuir. Mais la porte étant fermée à clef ; se retournant alors, elle vit Hippolyte à genoux, si pâle et si suppliant que, malgré elle, elle lui tendit la main. Hippolyte se précipita sur cette main bien-aimée, la pressa sur son cœur, la baisa et la rebaisa cent fois. Puis les jeunes gens murmurèrent de ces vagues paroles d’amour sans suite et sans raison, mais qui disent tant de choses ; enfin ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. À ce moment, la porte de la chapelle s’ouvrit : c’était le chapelain qui entrait par hasard dans cette chambre pour y enfermer les clefs du tabernacle. Les deux jeunes gens, qui ne s’attendaient pas à cette apparition, virent dans le prêtre un envoyé du ciel et tombèrent tous deux à ses genoux.

La chapelle était là ; le chapelain les avait surpris dans les bras l’un de l’autre ; l’homme de Dieu connaissait les haines qui séparaient les deux familles ; il crut que c’était une porte de réconciliation que la Providence ouvrait aux pères par la main des enfans ; et lorsqu’ils le prièrent de les unir, il n’eut pas la force de refuser. Seulement les deux jeunes gens promirent de ne révéler son nom qu’à la dernière extrémité : les haines entre les Buondelmonti et les Bardi étaient si ardentes encore, que le pauvre chapelain pouvait payer sa complaisance de quelque coup de poignard. Tout le monde devait donc ignorer ce mariage, même la mère d’Hippolyte, même