la cousine de Dianora. Ce serment tut flatteur l’Évangile. Puis, les deux jeunes gens unis, le prêtre disparut.
Alors les deux nouveaux époux arrêtèrent entre eux qu’ils se verraient chaque nuit. La maison qu’occupait Dianora était située dans une des rues Les plus écartées et Les plus désertes de Florence ; sa chambre donnait sur cette rue : elle laisserait pendre un fil de soie à sa fenêtre ; Hippolyte y attacherait une échelle de corde ; Dianora fixerait cette échelle à la croisée, et, par ce moyen, le mari parviendrait jusqu’à sa femme.
Ces mesures venaient d’être arrêtées, quand Comtessa revint : Hippolyte avait entendu des pas qui s’approchaient, il était rentré dans son cabinet. Contessa trouva donc Dianera seule ; mais elle n’eut pas besoin de l’interroger pour savoir si elle avait revu Hippolyte. Dianora se jeta toute rougissante dans ses bras, en murmurant à son oreille : — Merci, merci. Puis elle rentra dans le bal, frissonnante de crainte et rayonnante de bonheur tout à la fois.
La nuit du lendemain était la nuit des noces ; il y avait pour Hippolyte un bonheur profond dans ce mystérieux mariage. C’était bien lui qu’on aimait, puisque pour lui Dianora s’exposait à toutes les suites d’une pareille action : la jeune fille avait tout sacrifié à Hippolyte, et Hippolyte sentait qu’il était de son côté tout prêt à lui sacrifier sa vie. Le jeune Buondelmonte attendait avec impatience cette nuit où, pendant que tout le monde ignorerait son bonheur, il serait heureux de la béatitude des anges. Dès le matin, il acheta une échelle de corde ; toute la journée, il regarda et baisa cette échelle, qui, le soir, devait le conduire au paradis. Puis, le soir venu, il attendit avec une suprême impatience que onze heures sonnassent : c’était l’heure convenue ; à onze heures et quelques minutes Dianora devait ouvrir sa fenêtre.
Hippolyte traverse le Ponte-Vecchio, et s’engagea dans la via dei Bardi. La rue était sombre et déserte : pas une âme vivante ne troublait la solitude de la rue, et le bruit seul des pas d’Hippolyte qui effleurait la terre s’élevait presque insensible dans le silence de la nuit. Le jeune homme arriva sous la fenêtre ; quoiqu’il eût devancé l’heure, Dianora l’attendait depuis longtemps ; le fil de soie descendit aussitôt