Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/167

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chargé de le préparer à la mort ; mais il ne lui dit rien, sinon qu’il était un grand pécheur, et qu’il le suppliait de prier pour lui.

Sa mère avait demandé à le voir : cette pauvre femme au désespoir avait toujours assuré que son fils n’était pas coupable, et que, si elle le revoyait, elle saurait bien lui tirer son secret du cœur. Mais Hippolyte se méfia de sa faiblesse filiale, et il fit répondre à sa mère qu’ils se reverraient au ciel.

Hippolyte ne demanda qu’une seule chose : c’était que, comme la mort des voleurs était infâme, la seigneurie permit qu’il eût la tête tranchée au lieu d’être pendu. La seigneurie accorda au condamné cette dernière faveur.

La veille du jour où il devait être exécuté, on lui apprit la fatale nouvelle à dix heures du soir. Il remercia le greffier qui était venu la lui annoncer ; et comme derrière le greffier était un autre homme plus grand que lui de toute la tête, et vêtu mi-partie de rouge, mi-partie de noir, il demanda quel était cet homme : on lui dit que c’était le bourreau. Alors il détacha une chaîne d’or de son cou et la lui donna, en le remerciant de ce que le tranchant de son épée allait lui sauver l’infamie. Puis il fit sa prière et s’endormit.

Le lendemain en se réveillant Hippolyte appela le geôlier et le pria d’aller chez le podestat pour implorer de lui une grâce : c’était que le cortège mortuaire passât devant la maison des Bardi. Le prétexte qu’alléguait Hippolyte était le désir qu’il avait de profiter des derniers instans qu’il avait à vivre pour pardonner à ses ennemis et recevoir leur pardon. Le motif véritable de sa demande, c’est qu’il voulait voir Dianora une fois encore avant de mourir. Les circonstances dans lesquelles Hippolyte présentait cette requête lui donnaient un caractère trop sérieux pour qu’elle fût refusée. Hippolyte obtint la permission de passer devant la maison des Bardi.

À sept heures du matin le cortège se mit en marche ; la foule se pressait dans les rues que le condamné devait traverser ; la place sur laquelle était dressé l’échafaud regor-