Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/18

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rieuses étaient la princesse Corsini, la princesse Élise Poniatowski et la duchesse de Casigliano.

Je ne sais pas pourquoi on chante dans les salles d’Italie, à moins que ce ne soit par un de ces restes d’habitudes qu’on ne peut déraciner. Il n’y a pas, pendant les trois heures que dure le spectacle, une personne qui regarde ou qui écoute ce qui se passe sur la scène, à moins, comme je l’ai déjà dit, qu’il n’y ait ballet. Chacun cause ou lorgne, et la musique, on le comprend, ne peut que nuire à la conversation. Voilà le secret de la préférence que les Italiens ont pour les accompagnemens peu instrumentés : ils ne pouvaient pardonner à Meyerbeer d’être obligés de l’écouter.

Les jours de gala, le grand-duc assiste régulièrement à la représentation avec sa famille. Aussitôt qu’il arrive dans sa loge, chacun se retourne, salue et applaudit ; puis chacun se remet en place, se recouvre, et il n’en est plus question. Sa présence, au reste, n’influe ni sur les chutes, ni sur les succès, et elle n’opère ni sur les sifflets ni sur les applaudissemens. En Toscane, on ne sent la présence du souverain que comme on sent celle du soleil, par la chaleur et le bien-être qu’il répand. Partout où il est, la joie est plus grande, voilà tout.

À onze heures et demi en général, le spectacle finit. Ce n’est qu’en Allemagne qu’on se couche à dix heures, et que, l’on quitte la salle à huit heures et demie pour aller souper. En Italie, on mange peu, et on ne soupe que dans le carnaval ; les gourmands sont des exceptions, on les montre au doigt, et on les vénère.

Après la Pergola, il y a raout ; au lieu de sortir en presse, comme on fait chez nous, et d’attendre sa voiture dans le vestibule ou dans les escaliers, ou entre dans une grande salle attenante au théâtre, bien fraîche l’été, bien chaude l’hiver, et l’on organise la journée du lendemain. Il y a là quelque chose de curieux, non-seulement à voir, mais à écouter : ce sont les noms qu’on appelle : en dix minutes, vous passez en revue les Corsini, les Pazzi, les Gherardesca, les Albizzi, les Capponi, les Guicciardini, tous noms splendidement historiques qui, depuis le douzième et le treizième siècle, retentissent dans l’histoire ; vous vous croi-