Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droit où, par tradition, ils avaient entendu dire dans leur jeunesse que se trouvait le corps du saint. Mais cette difficulté levée, il s’en présentait une autre : on craignait que ces grands courans d’eaux, que ces profondes sources souterraines, reconnus par Arnolfo di Lapo lorsqu’il avait jeté les fondations de son monument, n’eussent, par leur humidité, putréfié le corps du saint. Or, quel scandale pour toute l’Église si ce corps, qui avait fait tant de miracles, se présentait à la vue de tous fétide et corrompu !

On résolut donc, pour obvier à cet inconvénient, de s’assurer de la vérité d’abord ; puis, si le cadavre du saint était dans l’état où on craignait de le voir, d’en prévenir le pape, qui alors déciderait dans sa sagesse ce qu’il y avait à faire.

En conséquence, la veille du jour où la translation devait avoir lieu, le préposé de l’église, Jean Spinellino, homme grave et sur la discrétion duquel on pouvait compter, descendit dans les souterrains avec deux maîtres de chapelle, deux prêtres munis de flambeaux, et quatre ouvriers armés de pioches. Les fouilles devaient être faites en deux endroits, d’abord sur une pierre marquée de la lettre S, que l’on présumait vouloir dire sanctus, puis sous un autel où l’on croyait plus communément que le saint avait été enterré.

Les excavations commencèrent. Malgré le signe que nous avons dit, on ne trouva rien sous la pierre que quelques débris de cercueil. Là avait été autrefois une tombe, il est vrai ; mais la poussière était redevenue poussière, et il était impossible de séparer l’argile de l’argile. On abandonna donc cette première fouille, et l’on se tourna vers l’autel.

Là ce fut autre chose : à peine le devant de l’autel fut-il enlevé que l’on aperçut dans la profondeur un cercueil de marbre. On ne douta plus que ce ne fût celui de saint Zanobbi. On le tira du caveau où il avait reposé mille ans, et on l’ouvrit.

Alors non-seulement il n’y eut plus de doute, mais l’identité du saint fut reconnue par un nouveau miracle. Lors de la première translation, on avait parsemé son corps de fleurs et de feuilles de l’orme qu’il avait ravivé en le touchant. Or, sur son corps, aussi intact que le jour de l’inhu-