Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

xi

SAINT JEAN GUALBERTI.

En sortant de Florence par la porte de San-Benito, et en suivant la route qui monte à la charmante église de ce nom, le promeneur aperçoit à droite, et au point où cette route se divise en deux branches, un petit monument en forme de tabernacle. Ce monument renferme une peinture représentant un chevalier qui, tout couvert de fer, armé de pied en cap, l’épée nue à la main, s’apprête à frapper un homme sans armes, agenouillé devant lui, demandant grâce. Au second plan s’élève un crucifix. Voici l’histoire de ce crucifix, de cet homme sans armes et de ce chevalier armé :

Il y avait dans les environs de Florence, vers la fin du dixième siècle, un noble homme que l’on appelait le chevalier de Petrojo, parce qu’il habitait un de ses châteaux qui portait ce nom. Ce château, fief de l’Empire, concédé à lui et à sa descendance, est situé sur le chemin de Rome, à dix milles environ de la ville.

Ce chevalier de Petrojo, dont le vrai nom était Gualberti, ne s’était pas retiré dans ce château sans des motifs sérieux que nous allons indiquer.

Le chevalier de Petrojo avait deux fils : l’un (c’était l’aîné) se nommait Hugo, l’autre (le cadet) s’appelait Giovanni. Ces deux fils étaient l’espoir de sa maison, qui, puissante jusqu’alors, promettait d’atteindre encore un plus haut degré de splendeur, car une vieille parente du chevalier, jugeant que ces jeunes gens seraient un jour la gloire de leur race, avait laissé à Hugo et à Giovanni toute sa fortune, qui était immense, à l’exclusion d’un de ses neveux nommé Lupo, qui lui paraissait donner de moins belles espérances.

Elle avait cependant posé cette condition, qu’en cas de mort des deux jeunes gens, cette fortune reviendrait à celui qui, sans eux, en eût été le propriétaire naturel. Quoi qu’il en soit, par suite de ce legs, messire Gualberti se trouvait