Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/187

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mis dans un cercueil, et le fit déposer dans le caveau de la famille.

Mais bientôt de nouveaux bruits se répandirent. On dit que le même jour on avait vu deux hommes masqués, dont l’un était tout ensanglanté, fuir à grande course de cheval à travers les Maremmes. Ces hommes venaient du point précis où le cadavre du jeune Hugo avait été retrouvé. L’homme blessé s’était même trouvé si faible en arrivant aux environs de Volterra, qu’il avait été obligé de s’arrêter dans la maison d’un paysan, qui lui avait donné un verre de vin. Son compagnon alors l’avait gourmandé sur sa faiblesse, l’avait fait remonter à cheval ; et tous deux, repartant au grand galop, avaient disparu par la route de Sienne.

Alors messire Gualberti avait fait venir les deux médecins de Florence, les avait conduits au caveau de sa famille, et, ouvrant lui-même le cercueil de son premier-né, il avait déroulé le linceul qui l’enveloppait pour mettre au jour les blessures qui avaient causé sa mort.

Les médecins sondèrent les blessures, et reconnurent qu’elles avaient été faites, l’une avec une épée, l’autre avec un poignard. Au premier abord, on avait pu s’y tromper et croire que les défenses d’un sanglier les avaient faites ; mais, en y regardant de plus près, la véritable cause de la mort du jeune Hugo se révélait clairement. Il n’avait pas été tué par accident dans sa lutte avec une bête sauvage, mais frappé avec intention par des assassins.

Quels pouvaient être ces assassins ? Voilà ce qu’ignorait entièrement messire Gualberti. Sur qui devait tomber la vengeance ? C’est ce qu’un miracle de Dieu pouvait seul révéler, Dieu permit que le miracle s’accomplit.

Trois mois après cet assassinat, comme messire Gualberti venait de faire la prière du soir, recommandant à Dieu le seul fils qui lui restait, on frappa à la porte du palais. Les serviteurs allèrent ouvrir, et rentrèrent avec un moine. Le moine s’approcha de messire Gualberti, et lui dit qu’un malheureux, qui était sur le point de mourir, avait une révélation à lui faire.

Messire Gualberti se leva aussitôt, et suivit le moine : Le moine le conduisit dans une de ces petites rues de Flo-