Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/197

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rens de ne point s’opposer à sa vocation ; et tout ce que ceux-ci purent obtenir de lui, c’est qu’il ne prononcerait pas ses vœux avant l’âge de vingt et un ans. Ce pauvre père espérait que dans l’intervalle son fils changerait de résolution.

Il n’en fut pas ainsi ; au lieu de chanceler dans la foi, Giovanni s’affermit dans sa vocation, et le jour même où sa vingt et unième année s’accomplit, il prononça les vœux qui le séparaient à tout jamais du monde. Quelque temps après, Giovanni, ayant donné au couvent l’exemple de toutes les vertus chrétiennes, fut élu abbé de San-Miniato. Ce fut lui qui fonda, sur la place même où était l’ermitage d’Aguabella, l’abbaye de La Vallombreuse. Il y mourut dans une telle odeur de sainteté que Grégoire XII le canonisa, et que Clément VIII introduisit son nom dans le calendrier.

Peu de jours après l’événement que nous venons de raconter, toute la ville de Florence, conduite par l’assassin Lupo, qui marchait pieds nus, ceint d’une corde et la tête couverte de cendres, était agenouillée autour du tabernacle miraculeux. Le clergé en retirait le crucifix miraculeux pour le transporter dans l’église de la Trinité, où on l’adore encore aujourd’hui.

Quant au tabernacle, il resta vide jusqu’en 1839, époque à laquelle le grand-duc Léopold II y fit exécuter la peinture qu’on y voit à cette heure. On y a représenté Giovanni l’épée levée, qui s’apprête à frapper le meurtrier de son frère. Au-dessous de cette peinture est gravée l’inscription suivante :

Quæ sacra assumpsit tempus monumenta parentum,
Nunc redimit pietas, reddit et arte color ;
Sic tanti vivat Gualberti ut gloria facti
Sueccessor reparat quæ male tempus agit.
Anno Domini MDCCCXXXIX.