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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/198

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xii

CAREGGI.

Quelque envie que j’eusse de redescendre de Fiesole par cette belle route que j’avais prise pour y monter, force me fut de me contenter de l’ancien chemin. Je voulais voir la sainte pierre sanctifiée par le martyre de saint Romuald et de ses compagnons ; la fameuse villa Mozzi, où devaient être assassinés Laurent et Julien, si tous deux eussent accepté le dîner qu’on leur y offrait ; les sources de Boccace, qui ne coulent plus, je ne sais sous quel prétexte ; et enfin les fontaines de Baccio Bandinelli qui coulent si peu que ce n’est pas la peine d’en parler. Ce fut pendant qu’il sculptait, en face de l’auberge des Trois-Pucelles qui existe encore, ces deux têtes de lion, que Benvenuto Cellini vint à Panco, et lui fit par ses menaces une si grande peur, qu’il fallut lui donner une garde pour qu’il se décidât à les continuer.

Devant l’église Saint-Dominique nous trouvâmes notre voiture, qui était tranquillement descendue par la route de la Noblesse, et qui nous attendait à l’ombre du porche. En un instant nous fûmes à la villa Palmieri, charmante habitation qu’une tradition populaire désigne comme celle où Boccace se retira pendant la peste de Florence, avec cette délicieuse suite de beaux seigneurs et de gentilles femmes qu’il avait rencontrés dans l’église de Santa-Maria-Novella, à Florence, et qui tour à tour, sous de beaux et frais ombrages, racontent les graveleuses nouvelles du Décaméron.

Je dis qu’une tradition populaire indique cette maison comme la retraite de Boccace, attendu que je ne veux pas prendre sur moi la responsabilité d’une affirmation ; on l’avait cru, c’est vrai, et cette croyance donnait du pittoresque à la villa Palmieri, déjà fort jolie sans cela. Mais cette tradition a mis martel en tête aux savans florentins ; ils ont fouillé les bibliothèques, compulsé les registres, grignoté