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que Michel-Ange appelait sa femme. Là aussi Boccace a placé la rencontre des sept jeunes Florentines qui, après la peste de 1348, forment le projet de se retirer à la campagne pour y raconter ces fameuses nouvelles qui donneraient une singulière idée des mœurs des dames de cette époque, s’il fallait en croire le poëte sur parole.

L’église de Sainte-Marie-Nouvelle tient au dedans tout ce qu’elle promet au dehors ; on y entre par une porte d’Alberti, comparable à tout ce qui a été fait de plus beau en ce genre ; et une fois entré, on y trouve une galerie de fresques et de tableaux d’autant plus curieuse, qu’elle s’étend des maîtres grecs aux auteurs contemporains.

Le moment était bon pour voir ce qui reste des premiers : leurs peintures sont ensevelies dans une chapelle souterraine où restent en dépôt, pendant trois cent cinquante jours de l’année, les estrades et gradins qu’on en tire tous les six mois pour en faire des amphithéâtres publics lors des courses des Barberi. Or, comme les courses devaient avoir lieu le lendemain, la chapelle était parfaitement vide ; il est vrai que je n’en fus guère plus avancé pour cela : le temps et l’humidité ont fait chacun son office, et il ne reste que bien peu de traces de ces pinceaux byzantins auxquels Florence dut son Cimabué.

En revanche, si les fresques des maîtres sont à peu près perdues, le tableau de l’élève est parfaitement conservé : c’est cette fameuse Madone entourée d’anges que Charles d’Anjou ne dédaigna point d’aller visiter à l’atelier même de l’artiste, et qui fut portée à l’église, précédée des trompettes de la république et suivie de toute la seigneurie de Florence. On comprendra cet enthousiasme en faisant ce que j’ai fait, c’est-à-dire en passant des peintures byzantines à la peinture nationale. Autrement il serait difficile de se placer au point de vue des enthousiastes du treizième siècle. Puis, si l’on veut suivre les progrès de l’art, de la madone de Cimabué on passera à la chapelle des Strozzi, où André et Bernard Orgagna, ces deux géans de poésie, ont peint l’enfer et le paradis. Dans l’enfer, les chercheurs d’anecdotes reconnaîtront, au papier qui décore son bonnet, l’huissier qui, le jour même où André reçut la commande de Strozzi le