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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/205

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de Médicis. Alors il s’avança vers le jeune homme, lui disant que, s’il voulait bien rester un instant à l’écart avec lui, il avait des choses de la plus haute importance à lui communiquer. Mais Pierre de Médicis, croyant que c’était pour le prier de le conserver près de lui au même titre et aux mêmes conditions qu’il était chez son père, lui dit de parler tout haut, attendu qu’il n’avait pas de secrets pour l’honorable compagnie avec laquelle il se trouvait. Cardiere insista alors avec tout le respect possible ; mais comme il vit que le rouge montait au visage de Pierre, et que celui ci lui ordonnait impérativement de dire tout haut ce qu’il avait à dire, alors il n’hésita point davantage, et raconta les deux apparitions telles qu’elles s’étaient passées, ainsi que les prophéties du spectre. Mais ces prophéties n’eurent d’autre résultat que de faire rire aux éclats Pierre et sa suite ; et Bernardo Dovizio, qui fut depuis le cardinal Bibbiena, pensant que toute cette histoire n’était qu’une invention de Cardiere pour se donner de l’importance, lui demanda comment il se faisait que Laurent, au lieu d’apparaître directement à son fils, avait été choisir pour son intermédiaire un misérable joueur de luth comme lui. Cardiere répondit que la chose était trop inexplicable pour qu’il essayât même de lui chercher une explication ; qu’il avait dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et que c’était à Pierre à croire ou à ne pas croire, et dans l’un ou l’autre cas à agir comme bon lui semblerait.

Pierre de Médicis continua son chemin, en disant à Cardiere qu’il le remerciait de sa peine, et qu’il prendrait en considération un avis qui lui venait par un si recommandable ambassadeur.

Mais, comme on le comprend bien, Pierre de Médicis avait oublié dès le même soir, dans une de ces orgies qui lui étaient si habituelles, la recommandation et celui qui la lui avait faite.

Quatre ans après, la prédiction du Magnifique s’accomplit : Charles VIII traversa les Alpes, et Pierre de Médicis et sa famille furent chassés de Florence, où ils ne rentrèrent que dans la personne du duc Alexandre.

Mais ce n’est pas tout ; puisque nous en sommes aux re-