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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/207

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tour de la cour intérieure, est le puits où se précipita, ou plutôt où fut précipité le malheureux Leoni de Spolète. Au premier étage, à droite du grand salon, est la chambre où, après la scène que nous avons racontée entre lui et Savonarole, expira Laurent le Magnifique ; la chambre qui suit est celle où mourut son grand-père Cosme le Vieux ; enfin la terrasse entourée de colonnes et au plafond peint à fresques dans le goût des loges Vaticanes, est la même où se rassemblait l’Académie platonicienne, et où l’hôte splendide du lieu célébrait, entouré de Politien, de Pic de la Mirandole, d’Ermolao Barbare, de Michele Mercati et de Marsilio Ficino, l’anniversaire de la naissance du philosophe dont ils avaient fait leur Dieu.

À l’entrée du jardin sont deux statues de nains, dont les originaux étaient sans doute, avec le joueur de luth Cardiere, destinés à distraire la docte assemblée ; l’un est monté sur un limaçon, l’autre chevauche sur un hibou ; tous deux sont hideux à voir, avec leur grosse tête rattachée à leur petit corps par un cou qui semble n’avoir pas la force de la porter.

Le jardin, avec ses allées en mosaïques qui représentent une chasse, de temps en temps interrompues par des écussons chargés des boules rouges des Médicis, a conservé son classique dessin et sa forme académique. À son extrémité, sont deux bosquets de lauriers touffus, dans l’épaisseur desquels on a pratiqué des espèces de salles de verdure, rafraîchies par des fontaines : il est vrai que dans les grandes chaleurs de l’été les malheureuses naïades subissent la loi commune aux déesses des eaux étruriennes, leurs sources se dessèchent, et elles n’ont plus d’eau que celle dont le jardinier les gratifie à grand renfort de seaux et d’arrosoirs.

Ce jardinier, qui porte le nom bucolique de Nicoletto, est un descendant du jardinier de Laurent de Médicis.

La villa de Careggi, toute meublée, avec ses riches souvenirs, une vue magnifique qui domine Florence, et un air toujours frais, même au milieu de l’été, se loue cent sequins c’est-à-dire onze à douze cents francs par an.