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xiii

POGGIO A CAJANO.

Poggio a Cajano est situé à dix milles à peu près de Florence, sur le point culminant de la route qui conduit à Lucques, de sorte que ses trois façades offrent toutes trois une charmante vue, l’une sur Florence et les maisons de campagne qui l’entourent, l’autre sur les montagnes et les villages dont elles sont semées, la troisième enfin sur Prato-Pistoja-Sesto et tout le val d’Arno inférieur.

Poggio a Cajano fut bâtie par Laurent le Magnifique, dont, à propos de Careggi, nous avons déjà raconté les goûts classiques et l’étrange fin. Il en avait acheté le terrain de la maison Cancellieri de Pistoja, maison fameuse dans les troubles civils de l’Italie. Les ruines qu’il déblaya pour jeter les fondemens de la villa actuelle étaient, assure-t-on, les restes d’un château bâti par la famille romaine des Caïus. De là le nom de Rus Cajanum qu’il avait porté d’abord, de villa Cajana qu’il reçut ensuite, et de Poggio a Cajano que lui donna définitivement son dernier propriétaire.

Laurent le Magnifique, séduit par la position délicieuse du terrain, voulut faire de Poggio a Cajano sa résidence chérie ; il appela près de lui ce qu’il y avait de mieux alors en architectes et en peintres, et leur demanda à chacun un plan ; celui de Giuliano-Giamberti, appelé plus communément San-Gallo, prévalut : seulement Laurent voulut qu’il appropriât un escalier extérieur dont le dessin avait été fait par Etienne d’Ugolino, peintre suédois, et grâce auquel on pouvait monter à cheval jusqu’au haut du perron. Ce ne fut pas tout : Laurent désira que le plafond du salon, au lieu d’être plat, fût fait en cercle, ce que rendaient très difficile sa largeur et sa longueur ; mais comme San-Gallo bâtissait alors pour lui-même une maison à Florence, il essaya pour son propre compte une voûte pareille, et, ayant complètement réussi, il entreprit aussitôt celle du salon de Poggio a