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gio a Cajano resta dans la famille Médicis ; mais la famille Médicis était exilée, c’est-à-dire que Poggio a Cajano resta vide.

Lorsque Charles-Quint vint, en 1536, de Naples à Florence pour y assurer de son mieux le pouvoir du duc Alexandre, qu’il venait de fiancer à sa fille naturelle Marguerite d’Autriche, il resta un jour à Poggio a Cajano. Pendant cette journée, on s’occupa à lui en faire voir toutes les beautés ; rien ne lui fut épargné : ni la voûte de San Gallo, ni les fresques du Portormo et d’Andrea del Sarto, ni les jardins, ni l’Ombrone, ni la place où était l’Ambra. Puis, au moment de son départ, comme il avait paru regarder toutes ces choses avec le plus grand intérêt, on lui demanda quelle chose l’avait le plus frappé entre toutes ces merveilles.

— Que les murailles de cette maison sont bien fortes pour un simple particulier, répondit l’empereur.

Trois ans après, les portes de Poggio a Cajano s’ouvrirent pour un autre homme, qui eût été un autre Charles-Quint s’il y eût deux empires. Cet homme était Cosme Ier, monté sur le trône à la mort de son cousin Alexandre ; il y faisait une halte de cinq jours avec sa jeune femme, Éléonore de Tolède, qu’il venait d’épouser à Pise. Ces cinq jours se passèrent en fêtes continuelles, dont la nouvelle mariée fut la reine ; puis elle entra à Florence par la Porta-al-Prato, la même par laquelle, vingt-trois ans plus tard, son cercueil devait rentrer entre le cercueil de ses deux fils.

On se rappelle ce que nous avons raconté du cardinal Jean, tué par son frère ; de don Garcia, tué par son père, et d’Éléonore de Tolède, se laissant mourir de faim entre les cadavres de ses deux enfans.

Puis mourut Cosme Ier, et Poggio a Cajano fut le témoin, sinon de nouvelles fêtes, du moins de nouveaux plaisirs. Le grand-duc François, d’amoureuse mémoire, y venait souvent avec Bianca Capello ; ce fut là que le 7 octobre le grand-duc et la grande-duchesse donnèrent au cardinal Ferdinand ce fameux dîner de réconciliation à la suite duquel moururent les deux époux. Nous avons encore raconté cette scène ailleurs ; or, comme on pourrait bien nous accuser de répétition,