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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/212

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son beau-père vinrent la visiter pour s’assurer par eux-mêmes de l’effet produit, elle menaça le pauvre Cosme de lui jeter au visage ce qu’elle trouverait sous sa main s’il avait le malheur de se présenter jamais devant elle. Cosme, qui n’était pas brave, se sauva comme si le diable l’emportait, et revint au palais Pitti avec le grand-duc Ferdinand.

Trois ou quatre mois se passèrent pendant lesquels Marguerite resta ainsi à Poggio a Cajano, bouleversant tout, rayant les peintures, cassant les meubles, désorganisant les jardins, faisant damner ses serviteurs. Enfin un beau jour elle se calma tout à coup, son visage reprit un caractère d’affabilité et de bonne humeur qui faisait plaisir à voir. Elle demanda au duc Ferdinand une entrevue que celui-ci lui accorda aussitôt, et dans cette entrevue elle exprima à son beau-père un tel regret sur ses folies passées, elle lui fit de si belles promesses sur sa conduite à venir, elle s’engagea si formellement à faire oublier au pauvre Cosme cet avant-goût de l’enfer qu’elle lui avait donné en ce monde, que Ferdinand s’y laissa prendre et promit d’obtenir de son fils qu’il lui pardonnât. Cosme, qui était la bonté en personne, non seulement fit ce que lui demandait son père, mais encore il courut en personne chercher l’exilée a Poggio a Cajano, et la ramena tout joyeux à Florence.

Le surlendemain, le prince Eugène de Lorraine vint faire une visite à son cousin Cosme III et demeura trois mois logé au palais Pitti.

Pendant ces trois mois, Marguerite d’Orléans fut d’une humeur charmante, jamais on n’aurait pu comprendre que cet ange de douceur fût le démon qui, depuis trois ou quatre ans, mettait le trouble dans la famille ; tout le monde se félicitait de ce changement lorsque, les trois mois que Charles de Lorraine devait passer à Florence s’étant écoulés, le jeune prince prit congé de ses hôtes et partit.

Huit jours après, Marguerite d’Orléans était redevenue un diable et le palais Pitti un enfer.

Poggio a Cajano avait si bien réussi lors de la première crise, qu’on résolut de tâter du même remède à la seconde : Marguerite fut renvoyée sur les bords de l’Ombrone, et on l’invita à chercher au milieu du silence de ses rives les mê-