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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/213

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mes sages réflexions qui l’avaient déjà corrigée une première fois.

Malheureusement les choses étaient changées : le prince Charles de Lorraine était retourné en France ; Marguerite d’Orléans résolut de faire tant et si bien qu’on l’y envoyât le rejoindre.

Alors les extravagances recommencèrent ; mais comme le jeune grand-duc paraissait y faire une médiocre attention, Marguerite résolut de le forcer à s’occuper d’elle en lui écrivant : elle remit donc un beau jour à son chambellan la lettre suivante, et en le chargeant de la porter au palais Pitti et de la rendre au duc Cosme lui-même :

« J’ai fait ce que j’ai pu jusqu’à présent pour gagner votre amitié et je n’ai pu y réussir, quoique j’aie d’autant plus eu de complaisance envers vous que vous avez montré plus de mépris pour moi. Depuis longtemps je m’efforce, de toutes les façons possibles, à supporter ces mépris sans me plaindre, mais une plus longue patience me devient impossible, et voilà pourquoi je prends enfin une résolution qui ne devra point vous surprendre, si vous voulez bien réfléchir aux mauvais traitemens que vous me faites supporter depuis douze ans. Je vous déclare donc que je ne puis plus vivre avec vous ; vous faites mon malheur et je fais le vôtre. Je vous prie en conséquence de consentir à une séparation qui portera le calme dans votre conscience et dans la mienne. Je vous enverrai mon confesseur afin qu’il s’entende avec vous, et j’attendrai ici les ordres du roi, que j’ai supplié de me permettre d’entrer dans un couvent de France : grâce que je vous demande à vous-même, promettant, si vous voulez bien me l’accorder, d’oublier entièrement le passé. Ne vous inquiétez pas de ma conduite à venir ; mon cœur est ce qu’il doit être, c’est-à-dire assez haut pour qu’il ne vous donne pas la crainte de me voir faire des choses indignes de vous et de moi, attendu que j’aurai toujours devant les yeux l’amour de Dieu et l’honneur du monde. Je vous propose cela parce que je crois que c’est le moyen le plus sûr de nous rendre le calme et la tranquillité à tous deux pour tout le reste de notre vie.

Je vous recommande nos enfans. »