Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/216

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attendez-vous à recevoir de promptes nouvelles de ma colère et de ma vengeance, attendu, voyez-vous, que de me soumettre jamais il n’y faut pas penser. Vous croyez, m’a-t-on dit, me ramener à Florence ; si vous avez eu jamais cet espoir, je vous invite à le perdre ; cela ne réussira point, et si cela réussissait, malheur à vous, car, je vous le jure, vous ne péririez que de ma main. Vous pouvez donc, dans ce cas, vous préparer à décamper de ce monde, et cela lestement. Ainsi, croyez-moi, ne changez rien à notre situation respective que pour améliorer la mienne de la manière que je vous dis, afin que lorsque vous serez mort, ce qui, au reste, ne peut tarder bien longtemps, je fasse au moins quelquefois une prière pour votre âme, et que je puisse soutenir près du roi l’avenir de vos fils que vous avez ruiné. Ainsi donc, assez comme cela ; car, en voulant m’empêcher de marcher de travers, c’est vous que je ferai marcher droit ; et vous serez pareil à ceux qui viennent pour donner un charivari et qui, au lieu de le donner, le reçoivent. Maintenant vous voilà averti, c’est votre affaire et non la mienne. Quant à moi, je n’ai plus rien à perdre désormais, ayant depuis longtemps désespéré de tout. »

Les espérances de la princesse Marguerite furent trompées, car Cosme III vécut encore quarante-deux ans après cette lettre, et ce fut sa femme qui le précéda de deux années dans la tombe.

Nous avons raconté plus haut comment, Dieu ayant étendu la main sur les Médicis pour leur faire signe qu’ils avaient assez régné, le désordre, le libertinage et la stérilité se mirent dans cette malheureuse race. Ferdinand, fils de Cosme III, épousa Violente de Bavière ; mais, comme au bout de quelques années il fut reconnu que la princesse ne pouvait devenir mère, son mari la prit en dégoût, et, pour se séparer d’elle, s’en vint habiter Poggio a Cajano. Là il rassembla des favoris et des maîtresses, et parmi ces favoris et ces maitresses étaient un soprano et une prima donna qu’il affectionnait particulièrement : le soprano se nommait Francesco de Castrès, et la prima donna, qui était une jeune et belle virtuose vénitienne, s’appelait Vittoria Bombagia.

Alors, au lieu d’être témoin des catastrophes qui termi-