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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/222

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En vue de la Corse, on aperçut une voile. Examen fait du bâtiment en vue, on reconnut un vaisseau anglais de soixante-quatorze canons. Le prince ignorait complètement où en étaient politiquement la France et l’Angleterre. Il n’y avait pas moyen de combattre un ennemi si supérieur, encore moins de chance de lui échapper s’il donnait la chasse. Le prince ordonna de relâcher à Bastia.

Le lendemain, le vaisseau anglais vint croiser devant le port.

Le prince lui envoya aussitôt un de ses aides de camp pour savoir quelles étaient ses intentions, et s’il se présentait en ami ou en ennemi. Le capitaine du bâtiment fit répondre qu’aucune déclaration de guerre n’ayant encore été échangée entre les deux gouvernemens, le prince pouvait sortir du port en toute sécurité. À l’instant même le prince donna l’ordre d’appareiller ; et, comme il s’y était engagé, le commandant du vaisseau anglais laissa s’éloigner la frégate française sans faire contre elle aucune démonstration hostile.

Le lendemain soir le prince débarquait à Fréjus. Trois jours après il était à Paris.

Napoléon s’apprêtait pour le Champ de Mars. Le prince Jérôme fut près de lui dans cette grande solennité. Il représentait à lui seul toute la famille. Pas un seul de tous ces rois, de tous ces princes, de tous ces grands-ducs qu’avait faits l’empire, n’avait eu assez de foi aux Cent-Jours pour venir rejoindre l’aventureux conquérant de l’île d’Elbe.

L’Europe prenait une attitude hostile. Pas un souverain n’avait répondu à la circulaire fraternelle envoyée par Napoléon. La Prusse, la Hollande, l’Angleterre poussaient des hommes à la frontière ; le reste du monde armait.

Ce sera encore longtemps le destin de la France d’avoir toute l’Europe contre elle, jusqu’à ce qu’enfin elle ait toute l’Europe à elle.

Chaque jour enlevait une espérance de paix. Napoléon, qui n’y avait jamais cru, s’était, dès le lendemain de son arrivée aux Tuileries, préparé à la guerre.

Napoléon partit de Paris pour rejoindre l’armée. Il y a