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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/231

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Il était à la même place, vêtu du même uniforme, avec la même figure de marbre qu’il avait en passant.

Puis, comme en passant et de la même voix :

— Nous sommes à Villers-Cotterets ? dit-il.

— Oui, sire.

— Combien de lieues d’ici à Paris, vingt ?

— Dix-huit, sire.

— C’est bien… ventre à terre !

Les fouets des postillons retentirent, et il disparut comme emporté par un tourbillon.

Ce furent les deux seules fois que je vis l’empereur. Le prince Jérôme avait suivi les ordres reçus : à force d’efforts il avait rallié vingt-huit mille hommes, et les avait concentrés sous les murailles de Laon. Là, il reçut une dépêche de l’empereur ; cette dépêche lui ordonnait de remettre le commandant de l’armée au maréchal Soult, et de se rendre immédiatement à Paris.

Napoléon voulait faire ses adieux au seul de ses frères qui eût suivi jusqu’au bout son aventureuse fortune. Sans lui dire ce qu’il comptait faire lui-même, il demanda au prince quelles étaient ses intentions.

— De rester avec l’armée, sire, répondit le prince, tant qu’un lambeau tricolore flottera dans un coin quelconque de la France.

Le prince demeura pendant trois jours à l’Élysée avec son frère ; alors il apprit que l’armée se retirait derrière la Loire.

Selon ce qu’il avait dit, le prince rejoignit l’armée, et resta avec elle jusqu’à son licenciement.

Alors il lui fallut traverser la France : un maître de poste lui donna son passeport, et il arriva à Paris.

Louis XVIII était depuis un mois sur le trône. Le prince Jérôme prévint Fouché de son arrivée : Fouché lui fit dire de partir à l’instant même ; on savait qu’il était en France, on le cherchait de tous côtés, on n’eût pas été fâché de venger sur lui la mort du duc d’Enghien. Il n’y avait pas un instant à perdre pour gagner la frontière. Fouché répon-