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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/251

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Et l’empereur tourna le dos à son beau-frère.

Murat s’approcha de lui pour faire une dernière tentative.

— J’ai dit, reprit Napoléon en retournant la tête, et avec cet accent qui, chez lui, n’admettait pas de réplique.

Murat se retira.

Mais il oublia d’aller dire à Zaionczek que Napoléon refusait la proposition qu’il lui avait faite.

Jusqu’à trois heures du matin, Zaionczek veilla ; mais à cette heure, voyant qu’aucune nouvelle n’arrivait du quartier-général, il se rejeta sur sa couche de paille et se rendormit.

Au point du jour un aide de camp le réveilla en entrant précipitamment dans sa chambre.

Zaionczek se réveilla en sursaut, croyant que l’ennemi attaquait, et, selon son habitude, porta la main à son con pour s’assurer que son talisman y était toujours. Pendant la nuit, un des cordons qui le maintenaient s’était rompu.

Zaionczek appela son valet de chambre et lui ordonna de le recoudre.

Pendant ce temps, l’aide de camp lui racontait les causes de son entrée précipitée.

L’ennemi était en pleine retraite.

Tchaplitz avait été trompé par une fausse démonstration que l’empereur avait fait faire vers Oukaholda. Tchaplitz s’éloignait comme pour nous livrer passage.

C’était à ne pas y croire.

Aussi Zaionczek, sans songer davantage à son talisman, s’élança-t-il hors de la maison, et demanda-t-il son cheval pour aller reconnaître la rive du fleuve.

On lui amena son cheval, il sauta dessus et se dirigea vers l’endroit où se trouvait l’empereur. Au bout de dix minutes il le rejoignit.

Ce qu’avait dit l’aide de camp était vrai.

Les bivouacs ennemis étaient abandonnés ; les feux étaient éteints. On voyait la queue d’une longue colonne qui s’écoulait vers Borisof. Un seul régiment d’infanterie restait avec