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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/258

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nous allions visiter l’île d’Elbe ; nous n’étions que nous deux et un domestique, et, quoique nous eussions soixante milles à faire, nous n’avions pris qu’un petit bateau à quatre rameurs.

Ce bateau, par un singulier hasard, s’appelait le Duc de Reichstadt.

Nous visitâmes l’île dans tous ses détails et au milieu d’une fête continuelle. Napoléon est un dieu pour les Elbois. Il a fait plus pour eux pendant les neuf mois qu’il a été leur souverain, que Dieu n’a pensé à faire depuis le jour où il a tiré leur île du fond de la mer.

Aussi, le prince Napoléon, vivant portrait de son oncle, fut-il reçu avec adoration par la population tout entière. Le gouverneur mit à sa disposition ses voitures, ses chevaux, ses chasses. Chasseurs tous deux, nous acceptâmes avec grand plaisir la dernière partie de ses offres, et, dès le lendemain de notre arrivée, nous partîmes pour la Pianosa, petite île à laquelle son peu d’élévation au-dessus du niveau de la mer a fait donner ce nom caractéristique.

Je dirai plus tard, et quand j’en serai à raconter cette partie de mes voyages, quel charme puissant eut pour moi cette course aventureuse, accomplie en intimité avec ce neveu de l’empereur, au milieu de ce pays plein de traditions vivantes laissées à chaque pas par le terrible exilé.

Une flotte passa à l’horizon ; nous comptâmes neuf voiles. À la corne d’un des bâtimens pendait un drapeau tricolore… c’était une flotte française.

Nous arrivâmes à la Pianosa, et nous nous mîmes en chasse. À notre retour, nous trouvâmes deux pauvres pécheurs qui nous attendaient. Ce que nous voulaient ces deux pauvres pécheurs, on va le savoir par la lettre suivante :

« Majesté,

Quand je me présenterai aux portes du ciel et qu’on me demandera sur quoi je m’appuie pour y entrer, je répondrai :

Ne pouvant pas faire le bien moi-même, je l’ai indiqué