nouvel ordre devenait urgent par cela même que le combat devenait plus terrible ; il se retourna vers son état-major et demanda quel était celui dont le leur était venu démarcher ?
— C’est à moi, répondit le duc d’Aumale en s’avançant.
Le prince jeta un coup d’œil sur le champ de bataille, il vit à quel danger il allait exposer son frère. À cette époque, qu’on se le rappelle, le duc d’Aumale avait dix-huit ans à peine ; homme par le cœur, c’était encore un enfant par l’âge.
— Tu te trompes, d’Aumale, ce n’est pas à toi, dit le duc d’Orléans.
Le duc d’Aumale sourit ; il avait compris l’intention de son frère.
— Où faut-il aller et que faut-il dire ? répondit-il en rassemblant les rênes de son cheval.
Le duc d’Orléans poussa un soupir, mais il sentit qu’on ne marchandait pas avec l’honneur, et que celui des princes est plus précieux encore à ménager que celui des autres hommes.
Il tendit la main à son frère, la lui serra fortement, et lui donna l’ordre qu’il attendait.
Le duc d’Aumale partit au galop, s’enfonça dans la fumée et disparut au milieu de la bataille.
Le duc d’Orléans l’avait suivi des yeux, tant que ses yeux avaient pu le suivre ; puis il était resté le regard fixé sur l’endroit où il avait cessé de le voir.
Au bout d’un instant un cheval sans cavalier reparut. Le duc d’Orléans se sentit frémir des pieds à la tête : ce cheval était du même poil que celui du duc d’Aumale. Une idée terrible lui traversa l’esprit ; c’est que son frère avait été tué, et tué en portant un ordre donné par lui !
Il se cramponna à sa selle, tandis que deux grosses larmes jaillissaient de ses yeux et roulaient sur ses joues.
— Monseigneur, dit une voix à son oreille, il a une chabraque rouge !
Le duc d’Orléans respira à pleine poitrine. Le cheval du duc d’Aumale avait une chabraque bleu.
Il se retourna et jeta ses bras au cou de celui qui l’avait