Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/270

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Je restai jusqu’au 26 juillet sans rien apprendre de positif. Le 26, je lus dans le Journal des Débats que le 5 août aurait lieu la cérémonie de Notre-Dame, et le 4 l’inhumation dans les caveaux de Dreux.

Je pris mon passeport, et le 27 à deux heures je montai dans un bateau à vapeur qui partait pour Gênes.

Le lendemain, à neuf heures du matin, je prenais terre et courais à la poste. La malle partait, il n’y avait pas de place, elle emporta seulement une lettre de moi au directeur de la poste de Lyon.

Je louai une voiture et je partis.

Je voyageai jour et nuit, sans perdre une heure, sans gaspiller une seconde. J’étais à Lyon le 1er août, à trois heures de l’après-midi.

Je courus à la poste. Ma lettre était arrivée à temps. Une place avait été retenue. Si cette place m’avait manqué, j’avais fait trois cents lieues inutilement, j’arrivais trop tard.

Seulement alors je respirai.

Le surlendemain j’entrais dans Paris à trois heures du matin.

Restait la crainte de ne pas pouvoir me procurer de billet pour la cérémonie. À sept heures, je courus chez Asseline.

Peut-être ne connaissez-vous pas Asseline, mais les pauvres le connaissent, et parlent tous les jours de lui à Dieu dans leurs prières.

C’est un de ces hommes comme la Providence en met de temps en temps près des bons princes, pour les rendre meilleurs encore.

Il était déjà sorti. Pauvre désolé qu’il était aussi ! il y avait quinze jours qu’il ne dormait plus et qu’il mangeait à peine.

La première chose que je vis, ce fut la gravure de Calamatta : cette belle gravure de ce beau tableau de monsieur Ingres.

J’avais vu le tableau dans l’atelier de notre grand peintre la veille de mon départ. Je retrouvai la gravure dans le cabinet d’Asseline le jour de mon arrivée. Dans l’intervalle, l’âme qui animait ces yeux si doux, si bons, si intelligens, s’était éteinte.