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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/278

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Ce soldat rebelle s’appelait Bruyant, vous le rappelez-vous ? Il avait tenté une révolte à Vendôme.

Oh ! sa grandeur et sa richesse étaient, comme le dit Bossuet, une de ces fontaines que Dieu élève pour les répandre.

Le corps entra dans l’église de Chartres pour y faire une halte d’un instant. Le télégraphe annonça à la reine cette station mortuaire. La touchante cérémonie de l’absoute recommença, puis l’on se remit en marche. En sortant de l’église, il y eut un moment d’embarras, et je me trouvai pris entre l’urne de bronze qui contenait le cœur, et le cercueil de plomb qui renfermait le cadavre.

Tous deux me touchèrent en passant. On eût dit que cœur et cadavre voulaient me dire un dernier adieu. Je crus que j’allais m’évanouir.

L’urne reprit la tête du cortège ; le cercueil fut replacé sur la voiture, et l’on continua de s’avancer par une route circulaire qui rampe aux flancs de la montagne, au sommet de laquelle s’élève la chapelle mortuaire.

Arrivés à la plate-forme, nous nous trouvâmes en face de l’église. Sous le portique étaient l’évêque de Chartres et son clergé.

Au bas des degrés, seul et attendant, se tenait, debout, un homme vêtu de noir, pleurant à sanglots, et mordant un mouchoir entre ses dents.

Cet homme, c’était le roi !

C’était une chose profondément triste, triste en dehors de toutes les opinions et de tous les partis, que le roi attendant le cadavre du prince royal, que ce père attendant le corps de son fils, que ce vieillard attendant les restes de son enfant.

Il était arrivé depuis la veille ; depuis la veille il avait plusieurs fois essayé de travailler pour faire diversion à sa douleur, et le matin même encore, le maréchal Soult était entré dans son cabinet avec les rapports du jour. Il avait lu deux ou trois dépêches, donné deux ou trois signatures ; puis il avait jeté loin de lui plumes et papier, et il était sorti pour voir venir le corps de son fils. Depuis plus d’une