Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/30

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neur fût ouverte. C’est du balcon du casino du prince Corsini que les jeunes archiducs doivent voir la course. Je dis doivent, car je crois que c’est entre le palais Pitti et le palais Corsini une vieille convention de prince à prince ; le petit-fils du prince Corsini, qui est un bel enfant de cinq ou six ans, en faisait les honneurs aux jeunes archiducs, qui sont à peu près de son âge.

L’heure de la course approchait ; nous nous plaçâmes aux fenêtres et aux balcons latéraux, la fenêtre et le balcon du milieu étant réservés aux archiducs. La rue présentait un aspect dont on ne peut se faire une idée. De chaque côté était dressé un amphithéâtre de gradins qui s’élevaient à la hauteur des premiers étages, dont les fenêtres semblaient faire le dernier de gré. Il en résultait que, comme les fenêtres du second succédaient aux fenêtres du premier, le toit aux fenêtres du second, et que degrés, fenêtres et toits, étaient tous chargés d’hommes, de femmes et d’enfans, il n’y avait aucune interruption de spectateurs sur un espace de plus de cinquante pieds de haut. Ajoutez à ce tableau vivant, inquiet et bariolé, les longs rideaux flottans de damas de mille couleurs que dans toutes les fêtes publiques les Italiens ont l’habitude de laisser pendre à leurs balcons, et vous aurez une idée du spectacle qui s’offrait à nous aussi loin que la vue pouvait s’étendre.

Bientôt notre regard se fixa sur les concurrens ; c’étaient cinq jolis chevaux de petite taille, nés en Toscane, car les chevaux toscans seuls peuvent concourir pour le prix, dont partie est un don du grand-duc et partie le résultat d’une poule. Chacun d’eux portait sur la cuisse le numéro sous lequel il était inscrit, tandis que sur le dos et le long de leurs flancs flottaient des espèces de châtaignes de fer, dont les pointes aiguës comme des aiguilles étaient destinées à activer leur course. Ils s’avançaient conduits par leurs maîtres respectifs, qui les firent ranger derrière une corde ; à un signal donné, cette corde devait tomber et leur livrer passage. La distance à parcourir était à peu près de deux milles. Le point de départ était, comme nous l’avons dit, la porta al Prato, et le but la porta alla Croce. Un, deux, trois, quatre ou cinq coups de canon devaient annoncer la victoire et in-