Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/41

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ainsi qu’aux fenêtres du palais, et, au signal donné par un coup de canon, à la lueur d’une illumination à giorno, on vit entrer un grand char triomphal monté par un nécromancien qui, après avoir fait au milieu du cirque plusieurs enchantemens, s’avança vers la grande-duchesse et lui prédit l’avenir cet avenir, comme on le comprend bien, était une longue succession de joies et de bonheurs, qui, au contraire des prédictions de ce genre faites aux princes, se réalisa.

Après le char du nécromancien, vint un second char, tiré par un dragon, duquel descendirent bientôt deux cavaliers ornés de toutes armes et montés sur des chevaux bardés de fer comme eux ; ils étaient accompagnés d’une foule de musiciens qui, tandis qu’eux s’apprêtaient au combat qui allait avoir lieu, allèrent se ranger sous le balcon occupé par la grande-duchesse, et lui donnèrent un merveilleux concert.

Les deux chars étaient à peine sortis pour débarrasser la cour, que l’on vit entrer une machine qui représentait une montagne : cette machine semblait se mouvoir seule, et il était impossible de découvrir le secret de sa locomotion ; arrivée au milieu du cirque, elle s’ouvrit et donna passage à deux autres chevaliers, armés comme les premiers, et qui étaient le duc de Mantoue et don Pierre de Médicis. Aussitôt la joute commença entre les quatre combattans, et ne fut interrompue que par l’apparition d’une seconde montagne, tirée par un crocodile gigantesque que conduisait un mage, et qui était suivie d’un char antique sur lequel se tenait don Virginio Orsini, en costume du dieu Mars, ayant auprès de lui huit belles jeunes filles vêtues en nymphes, tenant à la main des corbeilles pleines de fleurs, dont elles inondèrent la grande-duchesse et les dames de sa suite, tout en chantant un épithalame en l’honneur des augustes époux.

Enfin, ce nouveau divertissement achevé, on vit s’avancer un jardin qui, après s’être resserré pour passer sous la porte, s’étendit bientôt dans toute la largeur de la cour, déployant à mesure qu’il s’étendait des lacs avec leurs barques, des châteaux avec leurs habitans, des fontaines avec leurs naïades, des grottes avec leurs nymphes, et enfin des bosquets tout peuplés d’oiseaux apprivoisés, qui se mirent à chanter, prenant la lumière de l’illumination pour celle du