Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/44

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nait surtout chez les autres l’art dont il s’était spécialement occupé ; ce qui ne le rendait injuste cependant ni pour la sculpture ni pour l’architecture, qu’il honorait au contraire d’une façon toute visible : puisque chaque fois qu’il passait devant la Loge d’Orgagna et devant le Centaure de Jean de Bologne, il faisait marcher sa voiture au pas, disant qu’il ne pouvait rassasier ses yeux de ces deux chefs-d’œuvre. Aussi Pierre Tacca, élève de Jean de Bologne, qui avait fini les statues de Philippe III et de Henri IV, que son maître n’avait pas eu le temps d’achever, était-il en grand honneur à sa cour, ainsi que l’architecte Jules Parigi. Mais cependant, Comme nous l’avons dit, sa plus grande sympathie était pour les peintres : aussi faisait-il sa société la plus intime et la plus habituelle de Cigoli, de Dominique Panignani, de Christophe Allari et de Matthieu Roselli. Il encouragea fort aussi Jacques Callot, à qui il fit faire une partie de ses gravures ; Gaspard Molla, qui excellait à frapper les monnaies, et Jacques Autteti, célèbre par ses merveilleuses incrustations en pierres dures.

Et cependant, malgré les encouragemens qu’il donna, comme on le voit, aux arts et aux sciences, tout ce qui fut fait sous son règne, en peinture et en sculpture, fut fait par des peintres et des statuaires de second ordre ; et en sciences, la seule découverte un peu importante qui signala son époque fut la découverte par Galilée des satellites de Jupiter, auxquels ce grand homme, en reconnaissance de son rappel en Toscane, donna le nom d’étoiles des Médicis. C’est que la terre qui avait produit tant de grands hommes et tant de grandes choses commençait à s’épuiser.

Quoique souffrant déjà de la maladie dont il mourut, le grand-duc Cosme II n’en voulut pas moins poser la première pierre de l’aile qu’il faisait ajouter au palais Pitti. On apporta cette pierre dans sa chambre, elle y fut bénite en sa présence ; puis le malade avec une truelle d’argent, la couvrit de chaux, et elle fut déposée au plus profond des fondations creusées, avec une cassette contenant des médailles et des pièces d’or et d’argent frappées à l’effigie du mourant, et trois inscriptions latines, les deux premières composées par André Salvadori, et la troisième par Pierre Vettori le jeune.