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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/48

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ser quelques différends qui s’étaient élevés entre lui et Urbain VIII.

Cosme III succéda à Ferdinand. C’était le temps des longs règnes. Le sien dura cinquante-trois ans. Cette période fut la grande époque de la décadence des Médicis. Le vieil arbre de Cosme Ier, qui avait produit onze rejetons, sèche sur la tige et va mourir faute de sève.

À partir du règne de Cosme III, il semble que Dieu a marqué la fin de la race des Médicis. Ce n’est plus la foudre publique et populaire qui la menace, ce sont les orages intérieurs et privés qui la secouent et la déracinent ; il y a une fatalité qui les frappe les uns après les autres de faiblesse, les hommes sont impuissans ou les femmes stériles.

Cosme III épousa Marguerite-Louise d’Orléans, fille de Gaston de France. Le fiancé, élevé par sa mère Vittoria de la Rovère, aussi altière, aussi inquiète et aussi superstitieuse que Ferdinand II était affable, franc et libéral, avait tous les défauts de son institutrice et bien peu des vertus de son père. Aussi, depuis dix-huit ans, le grand-duc Ferdinand ne vivait-il plus avec sa femme, à laquelle, dans son indolence naturelle, il avait, comme nous l’avons dit, abandonné l’éducation de son fils. Il en résulta que le jeune duc Cosme, élevé dans la solitude et dans la contemplation, avait, grâce à Bandinelli de Sienne, son précepteur, reçu une éducation de théologien et non de prince.

Sa fiancée était une belle et joyeuse enfant de quatorze à quinze ans, de cette grande race bourbonnienne ravivée par Henri IV, dont elle était la petite-fille. Elle avait été élevée au milieu des rumeurs de deux guerres civiles. Tout ce qui avait entouré son berceau était plein de cette force juvénile particulière aux États qui s’élèvent, et qui depuis Cosme Ier avait fait place en Toscane au calme de l’âge viril, puis à la décadence de la vieillesse. C’était le grand-duc Ferdinand qui avait désiré ce mariage, et Gaston l’avait conclu avec joie ; car, ainsi qu’il le disait lui-même, il était de la maison de Médicis ; et malgré la goutte qu’il avait reçue d’elle, il s’en tenait fort honoré.

Mademoiselle de Montpensier avait accompagné sa sœur jusqu’à Marseille. Là, elle avait trouvé le prince Mathias qui