Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/49

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l’attendait avec les galères toscanes ; et, après les présens de fiançailles reçus et force fêtes d’adieux données, Louise d’Orléans était montée sur la galère capitane, et, après trois jours de navigation, avait heureusement abordé à Livourne, où l’attendait, sous des arcs de triomphe dressés de cent pas en cent pas, la duchesse de Parme avec un nombreux cortège dans lequel la jeune princesse chercha inutilement son fiancé : Cosme avait été forcé de rester à Florence, retenu qu’il y était par la rougeole.

Louise d’Orléans continua donc seule sa route vers Pise, et elle entra dans cette ville au milieu des devises, des illuminations et des fleurs ; puis elle se remit en route, et enfin rencontra à l’Ambrogiana la grande-duchesse et le jeune prince qui venaient au devant d’elle, et un peu plus loin le grand-duc, le cardinal Jean-Charles et le prince Léopold. L’entrevue fut une véritable entrevue de famille, pleine de souvenirs du passé, de joie dans le présent et d’espérance pour l’avenir. Ce mariage, qui devait se dénouer d’une si étrange façon, fut donc célébrée sous les plus heureux auspices.

Mais à peine deux mois s’étaient-ils écoulés que la princesse commença de manifester une répugnance étrange pour son jeune époux. Cela tenait à une inclination antérieure qu’elle avait eue à la cour de France, où elle s’était prise d’amour pour Charles de Lorraine, qui était un beau et noble prince, mais sans patrimoine et sans apanage ; de sorte que les deux pauvres jeunes gens avaient avoué leur secret à la duchesse d’Orléans, et voilà tout. Or, la duchesse d’Orléans était un pauvre appui contre la faiblesse de Gaston et la fermeté de Louis XIV : le mariage décidé, il avait fallu qu’il s’accomplît ; et Cosme porta la peine de toutes les illusions de bonheur que sa femme avait perdues.

En effet, à peine arrivée dans le sombre palais Pitti, cette espère de voile de gaîté jeté par l’orgueil sur la figure de la fiancée disparut. Bientôt elle prit en haine l’Italie et les Italiens ; raillant tous les usages, méprisant toutes les habitudes, dédaignant toutes les convenances, elle n’avait de confiance et d’amitié que pour ceux-là qui l’avaient suivie de France, et qui dans sa langue maternelle pouvaient lui par-