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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/50

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ler des souvenirs de la patrie. Au reste, Cosme, il faut le dire, était peu propre à ramener sa femme à de meilleurs sentimens. Ascétique, altier, dédaigneux, il n’avait aucune de ces douces paroles qui éteignent la haine ou font naître l’amour.

Sur ces entrefaites, le prince Charles de Lorraine arriva à la cour de Florence : c’était dix-huit mois après la mort de Gaston d’Orléans, c’est-à-dire vers le mois de février 1662. L’aversion de la jeune duchesse pour son mari parut s’augmenter encore de la présence de son amant ; mais comme tout le monde, au reste, ignorait cet amour, personne, pas même celui qui y était le plus intéressé, ne conçut un soupçon ; et le duc de Lorraine, reçu à bras ouverts, fut logé au palais Pitti. Il y eut plus : vers la fin de l’année, la jeune grande-duchesse s’étant déclarée enceinte, la joie la plus vive succéda à la tristesse continuelle qui, depuis son arrivée, s’était répandue à la cour de Toscane. Il est vrai qu’en même temps sa haine pour Cosme s’était augmentée encore, s’il était possible, mais Ferdinand répondit aux plaintes de son fils que sans doute cette antipathie tenait à l’état même où sa femme se trouvait : si bien que, quoique cette humeur sombre se fût encore accrue au départ de Charles de Lorraine, Cosme prit patience, et l’on gagna ainsi le 9 août 1665, époque à laquelle la princesse donna heureusement naissance à un fils qui, du nom de son grand père, fut appelé Ferdinand.

Comme on le pense, la joie fut grande au palais Pitti ; mais cette joie fut bientôt balancée par les dissensions domestiques qui ne faisaient qu’augmenter entre les deux époux. Enfin les choses en arrivèrent à ce point que le grand-duc, attribuant toutes les querelles à la présence et à l’influence des femmes françaises que la princesse avait amenées avec elle, les renvoya toutes à Paris avec une suite convenable et de riches présens, mais enfin les renvoya. Cet acte d’autorité porta au plus haut degré la colère de la jeune duchesse ; sa douleur approcha du désespoir ; il y eut rupture ouverte entre les deux époux. Alors Ferdinand, pour colorer cette séparation, conseilla à son fils un voyage en Lombardie ; mais en même temps il écrivit une lettre de plaintes à Louis XIV.

De près comme de loin, Louis XIV avait l’habitude d’être