Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/54

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que Ferdinand pleure la stérilité forcée de sa femme, François-Marie annonce à son frère la stérilité volontaire de la sienne. Cosme incline sa tête blanche, reconnaît la volonté de Dieu, qui ordonne que les plus grandes choses humaines aient leur fin ; voit la Toscane placée entre l’avidité de l’Autriche et les ambitions de la France ; veut rendre à Florence, pour la sauver de cette double prétention étrangère son antique liberté ; trouve appui dans la Hollande et dans l’Angleterre, mais rencontre Obstacle dans les autres puissances, et dans la Toscane même, qui, trop faible maintenant pour porter cette liberté qu’elle a tant regrettée, la repousse et demande le repos, fût-il accompagnée du despotisme ; voit mourir son fils Ferdinand, puis son frère François, et meurt enfin lui-même après avoir, comme Charles-Quint, assisté non-seulement à ses propres funérailles, mais encore, comme Louis XIV, à celles de toute sa famille.

Tout ce qui avait commencé de pencher sous le règne de Ferdinand II croula sous celui de Cosme III. Altier, superstitieux et prodigue, ce grand-duc s’aliéna le peuple par son orgueil, par l’influence qu’il donna aux prêtres, et par les impôts excessifs dont il chargea ses États pour enrichir les courtisans doter les églises et faire face à ses propres dépenses. Sous Cosme III, tout devint vénal, qui avait de l’argent achetait les places ; qui avait de l’argent achetait les hommes ; qui avait de l’argent, enfin, achetait ce que les Médicis n’avaient jamais vendu, la justice.

Quant aux arts, il arriva d’eux comme des autres choses : ils subirent l’influence du caractère du Cosme III. En effet, pour ce dernier grand-duc, sciences, lettres, statuaire et peinture n’étaient quelque chose qu’autant qu’elles pouvaient flatter son immense orgueil et son inépuisable vanité. Voilà pourquoi rien de grand ne se produisit sous son règne. Mais à défaut de productions contemporaines, Pierre Falloniere et Laurent Magalotti intéressèrent heureusement son amour-propre à continuer pour la galerie des Offices l’œuvre de Ferdinand et du cardinal Léopold. En conséquence, Cosme réunit tout ce que son père et son oncle avaient déjà disposé à cet effet, y ajouta tous les tableaux, toutes les statues, toutes les médailles dont il avait hérité des ducs d’Urbin et